France et Europe : 5G or not 5G ?
En France, et plus généralement partout ailleurs, le débat actuel sur la 5G est mal posé. Ce, y compris au sein de la communauté informatique (ou digitale, c'est selon). Entendons-nous bien, il ne s’agit pas, ici, de prendre position sur la technologie, son déploiement ou ses éventuels usages, mais de poser le sujet différemment.
Connaissant plutôt bien les questions liées à l’architecture ou au développement logiciel, notamment en matière de systèmes embarqués ou dans le mobile, j’ai toujours été effaré face à la débauche de besoins (énergie, processeur, mémoire, stockage, infrastructures réseau et besoin en débit) que nécessitaient les principaux outils utilisés sur le marché (architectures, designs, Frameworks, languages, UIs…).
En concevant mieux et différemment nos applicatifs, il serait possible de se satisfaire (la plupart du temps et sans baisse de niveau de service) de débits inférieurs, en utilisant des standards qui sont largement sous-exploités et moins énergivores : 2/3G… voire LPWAN (UNB, ZigBee, LoRaWan, Enocean, etc.).
Avec la 5G, la France « industrielle » de l’Internet des objets, ou même celle de l’Intelligence Artificielle (pas nécessairement celle du « big data » ou des « réseaux de neurones », les connaisseurs « historiques » de ces sujets sauront ce à quoi je fais référence), a moins à gagner que les plateformes de streaming vidéo ou les éditeurs de réseaux « sociaux ». Or, sur aucun de ces deux créneaux nous ne sommes capables d’aligner des champions (pas plus la France que l'Europe). Le véhicule autonome* n'est pas une exception dans ce constat : naturellement, la 5G ne fera que renforcer sa forte dépendance (actuelle) aux ressources centralisées.
Promouvoir une façon différente de concevoir et programmer nos applications, dans un contexte où la courbe de consommation énergétique colle à celle du réchauffement climatique, serait bien plus utile sur le long terme, et gage de future compétitivité pour notre pays (ou continent) ... la sobriété numérique se pense aussi, et surtout, "bottom-up".
Quant à la 5G, de façon plus métaphorique (même si la métaphore semble adaptée*), nous pouvons toujours construire des autoroutes plus larges, cela ne changera pas le problème de la conception des véhicules qui roulent dessus, ni celui de l'adaptation du code de la route.
Business Development Manager @ Presto Engineering | Strategic & Tactical Marketing I Product & Roadmap Management I solution and AI agent enthusiast I Organisation Design Consulting, Change Management
4 ansEn effet le vrai sujet c est a quand un cloud Français ...
CIO, CPTO, CDTO, Program Director, Digital strategy [Management / Architecture / Transformation / Change / Innovation / IT Governance], neuro-symbolic AI, edge AI computing, MAS, software eco-design
4 ansEnglish version here: https://www.linkedin.com/pulse/france-europe-5g-philippe-gautier
Retraité chez Genfa Gs1
4 ansMerci Philippe pour ce point de vue très intéressant et compréhensible pour un non spécialiste. Cette manière de poser le problème en se donnant un objectif de sobriété énergétique et de plus grande efficacité ne peut pas être soutenu par les opérateurs.. leur intérêt est la croissance du chiffre d’affaires..
President of European Education New Society (ENSA) Association
4 ansCeci est un excellent "papier" de Philippe Gautier qui recadre le débat en cours sur la 5G en expliquant avec un vocabulaire accessible à tous ce dont il s'agit, en montrant les interdépendances de cette technologie critique avec les autres technologies numériques, courantes et émergentes, et en évoquant les leviers conceptuels susceptibles de faire mieux comprendre quels sont les véritables enjeux. A lire absolument !!!